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regain de faveur aux oratorios de liberté, à Judas Macchabée.

Avec le romantisme, se perdit le sens du génie de Hændel. Berlioz, qui, s’il l'avait bien connu, eût trouvé en lui un modèle du grand art populaire qu’il rêvait, ne le comprit jamais. De tous les musiciens d’alors, ceux qui furent le plus près de l’esprit de Hændel ont été Schumann et Liszt[1]. Mais ils étaient exceptionnels par leur lucidité d’intelligence et leur généreuse sympathie. On peut dire que l’art de Hændel, dénaturé par les éditions et les exécutions mensongères, — aussi bien par celles d’Allemagne que par celles, ridiculement colossales, d’Angleterre, — se serait tout à fait perdu, sans la fondation, en 1856, de la Hændel Gesellschaft, qui se donna pour objet de publier une édition exacte et complète du maître. Gervinus en était le promoteur, et Friedrich Chrysander accomplit, à lui seul, la tâche. Il ne s’en tint pas à

  1. Schumann écrivait à Pohl, en 1855, qu’Israël était son « idéal d’une œuvre chorale » ; et, voulant écrire un Luther, il définissait ainsi cette musique, dont il trouvait l’idéal réalisé par Hændel : « Un oratorio populaire, que paysans et bourgeois puissent comprendre… Une œuvre d’inspiration simple, dont l’effet dépende uniquement de la mélodie et du rythme, sans artifice contrapuntal. »

    Liszt, à propos du Psaume Zadock le Prêtre, s’extasiait devant « le génie de Hændel, grand comme le monde » ; et il apercevait très justement en l’auteur de l’Allegro et d’Israël, un précurseur de la musique descriptive.