Page:Rolland Handel.djvu/242

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

remarque qu’après 1740, Hændel n’a guère écrit, en fait de musique instrumentale, que la Firework Music et les deux Concerti monumentaux a due cori, on aura le sentiment que la dernière évolution de sa pensée et de son style instrumental l’amenait à une musique conçue par grandes masses, pour de vastes espaces et de vastes publics.

Il y avait toujours eu en lui une veine populaire. Je rappelais tout à l’heure les inspirations populaires dont sa mémoire était remplie, et qui vivifient ses oratorios. Son art, qui se renouvelait perpétuellement à ces sources rustiques, eut, de son temps, une popularité étonnante ; certains airs d’Ottone, de Scipione, d’Arianna, de Berenice, et de tels autres opéras, étaient répandus et vulgarisés non seulement dans tout le pays anglais[1], mais à l’étranger, et même

    répertoire de musique classique populaire, pour des fêtes en plein air. Mais jusqu’ici, personne n’y a pris garde.

  1. L’air de la gavotte de l’ouverture d’Ottone fut joué dans toute l’Angleterre et sur tous les instruments, « depuis l’orgue jusqu’à la boëte au sel des bateleurs ». On le retrouve encore, à la fin du xviiie siècle, comme air d’une chanson-vaudeville française. (Voir l’Anthologie françoise ou Chansons choisies, éditées par Monnet, en 1765, t. i, p. 286). — La marche de Scipione, comme celle de Rinaldo, servit pendant un demi-siècle pour la parade de la garde royale. Les menuets des ouvertures d’Arianna et de Berenice resteront longtemps populaires. On voit dans les romans anglais du temps, et notamment dans le Tom Jones de Fielding, à quel point la musique de Hændel était répandue dans les campagnes