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provisation) » : il fit part de sa science à Mattheson , qui l’aida en revanche à perfectionner son style mélodique. Il était très faible mélodiste, à en croire Mattheson. « Il faisait alors des airs longs, longs, longs (sehr lange lange Arien), et des cantates à n’en plus finir, qui n’avaient ni habileté ni bon goût, mais une harmonie parfaite[1]. » — Il est assez remarquable que la mélodie n’ait pas été une langue naturelle chez Hændel, qui nous apparaît aujourd’hui comme un génie mélodique. Mais il ne faut pas croire que les belles et simples mélodies jaillissent sans travail d’un génie. Les mélodies de Beethoven qui semblent les plus spontanées lui ont souvent coûté des années de travail intérieur où il les couvait en lui. Et si Hændel parvint à sa puissance d’expansion mélodique, ce fut après des années de sévère discipline, où il apprit, comme un apprenti ciseleur, à modeler les belles formes, et à n’y rien laisser de compliqué ni de vulgaire.

Hændel et Mattheson vécurent quelques mois d’intimité fraternelle[2] ; Hændel partageait la table

  1. Ehrenpforte. — Telemann, condisciple de Hændel, dit aussi « qu’ils travaillaient constamment à la mélodie, Hændel et lui ».
  2. Avec une nuance protectrice de la part de Mattheson. Pendant les premiers mois, Hændel ne songea pas à s’en offenser. Le style des lettres qu’il lui adressait encore en