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de Mattheson, et ils firent ensemble, en juillet-août 1703, un voyage à Lübeck, pour entendre l’organiste Dieterich Buxtehude[1]. Buxtehude songeait à se retirer, et cherchait un successeur. Les deux jeunes gens furent émerveillés de son talent, mais ils ne briguèrent pas sa succession : car il eut fallu, pour avoir son orgue, épouser sa fille[2] ; et, dit Mattheson, « ni l’un ni l'autre n’en avait la moindre envie ». — Deux ans plus tard, ils eussent pu rencontrer sur la route de Lübeck un petit musicien, allant comme eux faire visite à Buxtehude, mais non pas en voiture comme eux, modestement à pied : J.-S. Bach[3]. — Rien ne fait mieux sentir l'importance de Buxtehude dans la musique allemande que cette attraction exercée sur les hommes qui allaient dominer tout l’art allemand du XVIIIe siècle.


    mars 1704 était extrêmement respectueux. En fait, Mattheson était alors plus avancé que lui, et son supérieur, comme situation sociale.

  1. Voir dans l'Ehrenpforte le récit de ce voyage et des folies que firent en chemin les deux joyeux compagnons.

    Buxtehude était Danois, né à Elseneur en 1637. Il s’était établi à Lübeck, où il resta, depuis l’âge de trente ans jusqu’à sa mort en 1707, organiste à la Marienkirche.

  2. C’était chose habituelle que l’orgue d’une église fût cédé avec la fille, ou la veuve de l’organiste. Buxtehude lui-même, en succédant à l’organiste Tunder, avait épousé sa fille.
  3. J.-S. Bach vint à Lübeck, en octobre 1705 ; et, au lieu de quatre semaines qu’il devait y rester, il y passa quatre mois ; ce qui faillit lui faire perdre son emploi à Arnstadt.