Page:Rolland Handel.djvu/72

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Il mourut, au cours d'un voyage à Venise. Ernest-Auguste, qui lui succéda en 1680, fut le protecteur de Steffani. Il était marie à la belle et intelligente duchesse Sophie, princesse Palatine, petite-fille de Jacques Ier Stuart, tante de la Palatine de France, et sœur de la princesse Élisabeth, amie de Descartes. Elle-même était l'amie et la correspondante de Leibniz, qui l’admirait. Elle avait infiniment d’esprit, parlait sept langues, lisait beaucoup, avait un goût naturel pour les belles choses. « Personne ne possédait mieux Michel de Montaigne », dit Madame, sa nièce. Très libre de pensée[1], trop libre de langage, elle professait un matérialisme épicurien supérieurement intelligent[2]. Son mari ne la valait point ; mais il était brillant et fastueux. Ils firent de la cour de Hanovre « la plus polie et la plus distinguée de l'Allemagne »[3]. Tous deux aimaient la musique ; mais Ernest-Auguste ne semblait point se douter qu’elle existât en dehors de l’Italie ; et il aurait

  1. Bien que, par les bizarreries des traités de Westphalie, cette princesse protestante se trouvât investie de l’évêché catholique d’Osnabrück.
  2. Mme Arvède Barine a tracé d’elle un portrait amusant, mais un peu sévère, dans ses charmantes études sur Madame, mère du Régent (1909, Hachette) . — Voir surtout les Mémoires de la duchesse Sophie, écrits par elle en français.
  3. Ainsi s’exprime un voyageur français, en 1702, l’abbé Tolland.