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LES PRÉCURSEURS

représentés, par des pantomimes, les principaux événements de notre Révolution ». — En fait, ou donna un simulacre du bombardement de la ville de Lille, pour lequel on avait construit une forteresse au bord de la Seine.

Mais, dès le 2 août 1793, le comité de Salut public, « désirant former de plus en plus chez les Français le caractère et les sentiments républicains », proposait une « loi de règlement sur les spectacles », qui fut adoptée par la Convention, après un discours de Couthon. La Convention décrétait que, du 4 août au premier septembre, — c’est-à-dire pendant l’époque où les fêtes du 10 août attireraient à Paris un grand nombre de provinciaux, — les théâtres désignés par la municipalité représenteraient trois fois par semaine des « tragédies républicaines, telles que Brutus, Guillaume Tell, Caïus Gracchus… Il serait donné, une fois la semaine, une de ces représentations aux frais de la République ».[1]

En novembre 93, à la suite du célèbre discours de Marie-Joseph Chénier sur les fêtes populaires, que j’aurai occasion de citer dans un chapitre suivant, Fabre d’Églantine fit adopter l’idée de créer des théâtres nationaux pour compléter l’ensemble de ces fêtes. — Une Commission spéciale de six membres fut choisie à cet effet dans le Comité ; elle était composée de Romme, David, Fourcroi, Mathieu, Bouquier et Cloots. — Le 11 frimaire an II, — premier décembre 93, — Bouquier, dans son

  1. La première de ces représentations populaires fut donnée le 6 août au Théâtre de la République. On jouait Brutus. L’affiche portait : De par et pour le Peuple.
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