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LES PREMIÈRES TENTATIVES

15 mètres de large, adossée à la pente d’une montagne, et dressée au bout d’un pré, qu’entouraient trois tribunes couvertes. Deux mille personnes assistèrent à la première représentation. Tous les ans, depuis lors, le Théâtre de Bussang n’a cessé de donner, en août et en septembre, deux « journées dramatiques » : l’une, payante, où l’on représente une œuvre nouvelle ; l’autre, gratuite, où l’on joue l’œuvre donnée l’année précédente. Le répertoire du théâtre est assuré par Maurice Pottecher lui-même, qui écrit chaque année une pièce nouvelle, parfois deux, et qui les joue, avec les siens et avec des ouvriers ou des bourgeois du village. Son talent, la noblesse de sa conscience artistique, et la persévérance inlassable de ses efforts, ont conquis le succès dont son œuvre était digne, et lui assurent dans l’histoire le haut honneur d’avoir été, chez nous, le fondateur du premier Théâtre du Peuple.[1]

À peu près à la même époque, Louis Lumet promenait à travers les quartiers de Paris, de la Maison du Peuple à Montmartre, aux Mille Colonnes à Montparnasse, et au Moulin de la Vierge à Plaisance, le Théâtre Civique, qui donnait des récitations artistiques et des spectacles coupés plutôt que de vraies représentations.

Dans le Poitou, l’heureux succès d’une pièce de circonstance, une pastorale de M. Pierre Corneille, jouée par hasard devant des paysans, donnait à l’auteur l’idée de fonder à La Mothe-Saint-Héraye un théâtre populaire, qu’il inaugurait en septembre 1897, par la Lé-

  1. Voir aux documents, numéro IV, les détails relatifs au Théâtre du Peuple de Bussang.
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