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le théâtre nouveau

précédée d’un discours de Jaurès. Un an plus tard, le 21 mars 1903, l’auteur de Danton faisait jouer, au théâtre de la Renaissance-Gémier, le 14 Juillet, « action populaire », qui se réclamait de l’idéal artistique et civique des hommes du comité de Salut public. « Ressusciter les forces de la Révolution, disait la préface, ranimer ses puissances d’action, rallumer l’héroïsme et la foi de la nation aux flammes de l’épopée républicaine, afin que l’œuvre interrompue en 1794 soit reprise et achevée par un peuple plus mûr et plus conscient de ses destinées : tel est notre idéal. »[1]

Les tentatives de la Revue d’art dramatique avaient eu un retentissement à la Chambre, dans le rapport de M. Couyba, pour le budget des beaux-arts en 1902, et dans son discours du 5 mars 1902. Mais on a vu comment le ministre Leygues, et son habile délégué, M. Bernheim, travaillèrent à canaliser le courant populaire de l’art au profit de l’État. Le procédé est classique, — comme leur répertoire. Mais malgré la complicité de la presse bourgeoise, je doute qu’il réussisse contre la force irrésistible d’un mouvement qui va droit à son but, sans se laisser détourner par rien. On n’escamote plus le peuple à notre époque. Aucun de ceux qui ont la conscience profonde de l’art populaire n’a été dupe de cette bruyante diversion ; et les efforts pour élever à Paris un théâtre vraiment du Peuple ont continué sans relâche. Ils semblent sur le

  1. Le 14 Juillet, action populaire, trois actes de Romain Rolland. — Cahiers de la Quinzaine. Onzième cahier de la troisième série. — Danton forme le sixième cahier de la deuxième série.
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