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90 LES ORIGINES DU THÉÂTRE LYRIQUE MODERNE.

nua pourtant rien de son fervent loyalisme, et jusqu'au dernier jour, il garda fidèlement le culte de la maison de Gonzague.

Une grande bonté de cœur, une sensibilité délicate et vibrante, des manières aimables et distinguées (1), le souci passionné des siens, de ses fils, de sa famille ; un profond sentiment religieux (2) qui le fait entrer dans l'Eglise après la peste de 1630, tels sont les traits les plus caractéristiques de cet homme, avec une foi sans bornes dans son art, et l'infatigable ardeur d'un travail opiniâtre, qui tâche à en agrandir l'empire pour la gloire de Dieu et son propre bonheur.

��les beaux chevaux et les grands chiens. D'un faste fou , il alla une fois saluer Clément VIII à Ferrare avec 2,000 personnes de suite. Ses comédiens célèbres (Arlequin, Frittelin, Pedrolin, Léandre, Lélio, Matamoros) jouèrent en 1608 et 1613 au Louvre et à Fontainebleau. Il fit des voyages à Munich, Augsbourg, en Hollande et Lorraine, deux fois en Flandre; il fut même reçu en 1608, à Fontainebleau, par Henri IV, dont il avait épousé la belle- sœur, Léonora de Médicis. Très artiste, il dictait des sonnets galants, et recherchait les poètes et peintres célèbres de l'époque. Il fit venir Pourbus et Rubens. Il se faisait envoyer la musique de Guédron par M. de la Clielle, les symphonies et chœurs de Cini, les madrigaux de Gagliano, etc. Guarini lui adresse ses pastorales, Chiabrera ses pièces. Il pratique Galilée. Il prend aux Canossa la Madone à la Perle de Raphaël, moyennant l'investiture d'un fief et marquisat. La dévotion se mêlait chez lui à la passion du plaisir, et l'esprit scientifique à un goût du bizarre et des recherches occultes. Il était entouré d'alchimistes et astrologues, et cherchait l'absolu. En 1602, il donne l'ordre à Vincenzo Guerrieri, son ambassadeur en Espagne, de lui envoyer toutes les madones miraculeuses et les portraits de « dammes en beautés. » Il meurt en 1612, pleuré de son peuple, qui s'est amusé sous son règne; moins regretté des bourgeois et des bons. — C'est Vincent I er qui créa l'ordre du Rédempteur.

Pour Annibal Chieppio, qui est chargé de tous ses rapports avec Monte- verde , il était le protecteur et l'ami de Rubens; secretario ducale, puis ministre d'Etat en 1611; homme d'un haut et sérieux caractère; M. Bas- chet cite de lui ces belles lignes : « Louez, honorez les offices et les charges, plutôt que ne les ambitionnez ; car sous l'apparence du miel et sous l'aspect des honneurs j'ai souvent ressenti les poignantes atteintes de la douleur. »

Rubens n'assista point sans doute aux représentations de YOrfco et do L'Arianna. En 1607 il est à Gènes, en 1608 à Rome.

(1) « Garbatissimo gentilomo. » (7 décembre 1627. Lettre de Bentivoglio à la duchesse de Parme. Arch. di Stato. Parma.)

(2) « Non mancherô di attendere à Franceschino mio filiolo, acio impari tre virtu, l'una il servire a Dio con ogni diligenza et timoré, l'altra le lettere, terza un poco di musica, che sino a quest' hora mi pare che faccia assai bene et trillo et gorgia. » (21 juin 1611. Mantoue, Arch. Gonzaga.). — Voir ses lettres, passim, en particulier celles de 1621 et de 1627 sur l'emprison- nement de son fils Massimiliano par l'Inquisition,

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