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102 LES ORIGINES DU THÉÂTRE LYRIQUE MODERNE.

Dès ses premières compositions , il conquiert la popularité. L'acharnement avec lequel Artusi (1) s'attache à le ruiner, dès 1600, en est une preuve. Son cinquième livre de madrigaux (1605) est aussitôt répandu en Italie comme un modèle de com- position (2). Orfeo et Ariane sont tout de suite, célèbres. Quand Orfeo parut à Florence, il n'y eut pas une maison, dit Bonini (3), où on ne l'entendit jouer ou chanter sur le clavier ou le théorbe. Les maîtres de Bologne et de Florence s'inclinent devant sa su- périorité. Monteverde n'a pas d'ami plus dévoué que Banchieri (4),

��(1) Cet Artusi (Gio. Maria) était chanoine régulier de la Congrégation du Sauveur à Bologne. Il était compositeur. Nous avons de lui un livre de Canzonette à 4 voix. Venise, Vinccnti, 1598 (exemplaire à Bologne). Mais il est surtout connu comme théoricien, pour son Arte del contraponlo. Venise, Vincenti, 1598, in-fol., et pour le livre, souvent cité au cours de cette étude, sur les Imperfections de la musique moderne. L'ouvrage est traité en dia- logue ; c'est Ja conversation de deux gentilshommes qui se rencontrent, en 1598, aux fêtes du mariage de Philippe III d'Espagne et de Marguerite d'Autriche, à Ferrare. Il est précédé, suivant le goût de l'époque, d'un sonnet en l'honneur d'Artusi, qui fait bien juger de l'opinion flatteuse qu'il avait de lui-même.

Quai' altro Arturo nel Settentrione Conduce Artusi il Carro trionfale Di céleste Armonia , che senza eguale Vince d'Orfeo la Lira, e d'Anûone.

Ivi le Consonanze, e la Ragione

Che morta giacque, sorge hora immortale,

E la fama seguendo spiega l'aie

Ad Euro, à Coro, ad Austro, e ad Aquilone.

Felice ingegno à tanta gloria duce,

Che da noi lieva il tenebroso vélo

Mentre col vivo raggio fuor traluce :

A cui cedon gl'oracoli di Delo ;

Si che sia cinto di suprema luce

Con l'altfo Arturo eternamente in Cielo.

(2) « La Musica rappresentativa del 5° libro de' Madrigali del sig. Claudio Monteverde, regolata dalle naturale espressione délia voce humana nel mo- vere gli affetti, influendo con soavissima maniera negli orecchi, c per quelli facendosi de gli animi piacevolissima tiranna, é bon degna d'essor cantata, et udita, non già ne i pascoli, e trà le mandre ; ma ne' ricetti de' piu nobili spiriti, et nelle régie corti, e puo aheo servire à molti per infallibile norma, et idea di comporre armonicamente conforme aile legge migiiore, Madrigali, e Canzoni. » (Copini , Il secondo libro délia musica di Cl. Montev. Milan, 1608.)

Il ajoute que le premier livre fut « stato ricevuto da principalissimo Città d'Italia con gusto, et applauso grande. »

(3) Adrien de la Fage, Essais de diphlérographie music, p. 175.

(4) Banchieri, dès 1609, nomme Monteverde « soavissimo compositore di

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