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116 LES ORIGINES DU THÉÂTRE LYRIQUE MODERNE.

tant tout également, juste, modérée en tout, faisant la critique judicieuse des arts de tous pays, louant les qualités et blâmant les défauts , et s'efïorçant sagement d'imiter les premiers et de fuir les seconds , sans s'être doutée peut-être que les uns et les autres se tiennent chez les grands artistes, et qu'après tout mieux vaut l'exagération d'une qualité que l'absence d'un défaut.

Le théâtre de Bologne (1) avait été tenu en grande partie par les Florentins jusqu'à la seconde moitié du seizième siècle (2) (Sacrae Repraesenlationes). Après 1550, Bologne avait eu son théâtre national, ses fameux bouffons (3), dont l'audace ne res- pectait rien , pas même la Passion (4). Mais dans l'art sérieux , elle oscillait sans cesse entre l'influence de Florence et celle de Ferrare et Modène.

Nous avons vu qu'Orazio Vecchi trouve son principal disciple à Bologne (5). Le drame musical de la Camerata a bientôt à son tour de fervents imitateurs. Peut-être, dès 1601, YEuridice de Péri fut-elle jouée à Bologne (6). Du moins, nous savons avec certitude qu'en 1616 Rinuccini et Péri vinrent eux-mêmes en diriger l'exécution , au palais Marescotti (7). Bien avant cette date, le Bolonais Giacobbi avait introduit leur réforme et leur style dans sa patrie (8).

��(1) Voir Corrado Ricci , I teatri di Dologna nei secoli XVII e XVIII. Bologne, successori Monti, 1888. — Gaetano Gaspari, Memorie risguar- danti la Storia delV Arte musicale in Dologna al XVI s. (Atti e Memorie délia Regia Deputaz. di Storia Patria per la Romagna, série 2, vol. I, 1875). — A. d'Ancona, Origini del teatro in Italia. Florence, 1877.

(2) On cite seulement deux Bolonais : le père Valerio Agostiniano (Mis- terio delV umana Redentione, 1527, Venise), et Cesare Sacchetti (Giuditta, 1564, Bologne. — S. Cristoforo, 1575, Florence).

(3) Les Graziani, 1567 (Baloardi de' Violini, Forbizone da Francolino, etc.).

(4) On voit , entre autres choses, Christ dicter à Jean son testament avec toutes les formules des notaires (d'Ancona, II, 309).

(5) Voir Adriano Banchieri, chapitre II.

(6) Cependant Ricci n'en trouve aucune preuve certaine.

(7) 27 avril 1616. — Une lettre du cav. Andréa Barbazza, le jour de la représentation, apprend qu'il y avait eu une dispute assez violente enrte Péri et Rinuccini. Le « zazzarino » ne voulait pas que la représentation eût lieu , se plaignant du peu de temps d'études et de la médiocrité des voix. Rinuccini avait passé outre. « Il zazzarino dice che il sig. Ottavio fa più da musico che da poeta, onde è cosa ridicolosa, et io in quanto ne credo che facciano aile spalleggiate insieme. »

(8) Dans la dédicace du Carra de Fedeltà d'Amore de Quagliati (voir plus loin), nous voyons que la pièce avait été jouée en 1611 à Bologne, et que c'est là que l'entendit pour la première fois l'éditeur de la partition. — C'est aussi un Bolonais, Guidotti, qui édite l'Oratorio de Cavalliere (1600).

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