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122 LES ORIGINES DU THÉÂTRE LYRIQUE MODERNE.

pas peu contribué à la fondation de ces Congregazioni del orato- rio (1), et au développement de la musique, dans laquelle il voyait un puissant auxiliaire au sentiment religieux. Il avait pour ami le maître de la chapelle papale, Giovanni Animuccia (2). Mais ni Animuccia, ni son successeur Palestrina n'eussent osé sortir de la grave impersonnalité du lyrisme religieux. Les événements de l'histoire sainte y sont chantés (3), mais non représentés.

C'était donc une grande innovation que le spectacle de Caval- liere en 1600. C'est une sorte de mystère. L'allégorie y tient la première place. On y voit le Temps, l'Intelletto, affamé de l'union bienheureuse avec Dieu; les dialogues douloureux du Corps avec l'Ame; les tentations du Plaisir, du Monde et de la Vie mondaine; le triomphe de l'Ame soutenue par les Anges. Le ciel s'ouvre; l'enfer vomit des flammes; les chants des élus répondent aux gé-

��écoutant les chants de ses grands et pieux amis. La règle qu'il donna à l'Oratoire veut que les Pères unis aux fidèles, « musico concentu exci- tentur ad cœlestia contemplanda. » (Constit., cap. I, de Oratorio.)

(1) Ou Oratorios, d'après la chambre de prière où ces exercices avaient lieu : d'abord au cloître S. Girolamo; puis, à partir de 1575, à S. Maria in Vallicella.

(2) Animuccia, Laudi spirituali, 1563. — 1570. Voir le titre naïf des Laudi : Animuccia. — Jésus. Maria. — Il Primo libro délie Laudi , composte per consolatione et a requisitione di moite persone spirituali et dévote, tanto religiosi , quanto secolari. Rome, Val. Dorico, 1563 (Exemplaire à Lon- dres, Royal collège of music).

Il Secondo libro délie Laudi, dove si contengono mottetti , salmi et altre diverse cose spirituali, vulgari, et latine. — Seq. suosq. tibi Chorus aime Hieronyme Cantus dedicat, ipse tua quos dat in aede pius. Pro quibus, in patria, fac , dulcis nomen Iesu, audiat angelico dulcius ore cani. Rome, Heredi di Ant. Blado, 1570 (Exemplaire à Ratisbonne, Bibl. Haberl).

On y peut suivre les premiers pas de l'Oratorio. Animuccia écrit dans sa préface : « Il y a quelques années, je publiai le premier livre des Laudes; je m'appliquai à y conserver une certaine simplicité, qui me semblait con- venir aux paroles, à la qualité du lieu dévot, et à mes fins, qui étaient seu- lement d'exciter la dévotion. Mais depuis, l'Oratorio (de S. Girolamo) s'étant accru par le concours de prélats et d'illustres gentilshommes, il m'a paru convenable d'enrichir, dans ce second livre, l'harmonie et les concerts, y jetant toute la variété possible, évitant toutefois les fugues et inventions qui pussent obscurcir l'intelligence des paroles. » (25 février 1570).

Jean Animuccia était aussi un Florentin; élève de Goudimel, il devint en 1553 maître de chapelle de la Basilique Vaticane, et chef des chantres de l'Oratoire; il mourut en 1571. C'était un homme d'une foi profonde et d'une rare pureté de cœur. Son mariage avec Lucrèce Giolia de Sienne, rappelle les chastes unions fraternelles des premiers temps du christianisme. Saint Philippe le vit en extase voler au ciel dans le sein de Dieu.

(3) Les soli alternent avec les chœurs à quatre parties.

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