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DÉVELOPPEMENT DE L'OPERA ARISTOCRATIQUE EN ITALIE. 125

l'énergie, et quelques accents de Pluton sont assez beaux (1). Mais nous sommes bien loin, pour la déclamation même, de Ca- valliere ou de Péri.

Le plus grave , c'est que Ton sent dévier ici le génie romain. Cette ville, où (surtout depuis la contre-réforme) le sentiment catholique tient la place du sentiment patriotique, pouvait trou- ver dans le développement de YOratorio de Gavalliere son drame national, après avoir eu sa plus haute expression lyrique dans les messes et les motets de Palestrina. Il s'agissait de trouver une forme plus parfaite, un style qui participât de la déclamation ra- tionnelle de Florence et des nobles harmonies de la Sixtine. Et voici qu'elle accepte l'art archéologique et mondain de Florence. La mythologie s'insinue dans la tragédie religieuse; le style éru- dit dans les confessions de l'âme chrétienne. L'opéra aristocrati- que absorbe peu à peu la musique; il prend de plus ici un carac- tère fastueux de triomphe romain , où se perd la grâce touchante et souriante de Florence.

Avant d'arriver toutefois à la brillante histoire de l'opéra des grands seigneurs romains, nous devons noter une singulière ten- tative de théâtre populaire ; elle ne manque pas d'originalité. Il est vrai que le mérite en est bien diminué et le bénéfice amoin- dri par l'intention archéologique qui y préside. C'est, si je puis dire, du théâtre populaire à la mode de Marathon.

Au carnaval de 1606, le célèbre voyageur Pietro délia Valle eut l'idée décomposer un Char poétique(2) jjour lequel son ami, Paolo

(1) Acte III, se. 3. Pluton vient d'accorder à Apollon la liberté d'Eumelio : Caron : Questo non sperar già ch' Eumelio torni.

Pluton: Alla barca, Caronte, e dell Averno a me lascia il governo.

Caron : S'Eumelio parte, vo partir anch' io, e qui lascio la barca e'1 remo. Adio

Radamanto : Legge è scritta in diamante in questo regno.

Chi v'entra, mai d' uccir facci disegno. Pluton : Chi fa le leggi, le puô ben disfare.

Giove in ciel régna ; io qui ; Netuno in mare. Eaco : Se prima il Re le leggi sue disprezza,

Folle è chi gl' obedisce e chi 1' apprezza. Pluton : Chi stimar non si fa, non sa regnare. Minos : E chi rompe le legi, il regno scioglie. Apollon :

Perche si nega a me quel ch' ebbe Orfeo ?

Non son io forse un Dio e Semidio ? Minos : S'una volta l'huom falla , hor dunque lece

Tornar al fallo ch' una volta fece? Pluton : Non s' erra quando il prencipe comanda.

.... Etc

(L'enfer se révolte.) (?) Carro di Fedelta d'Amorc, Rapprcscntato in Roma da cinquo voci por

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