Page:Rolland Les origines du théâtre lyrique moderne.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DÉVELOPPEMENT DE l'OPÉRA ARISTOCRATIQUE EN ITALIE. 131

Falsirena (1), qui captive par ses philtres les yeux du bel Adone, abusé par une fausse ressemblance, jusqu'au moment où l'appa- rition triomphale de Vénus elle-même arrache son amant à l'em- pire de la sorcière. Une page, à la fin de la pièce, donne la clef du symbole (2).

Sur ce sujet, Mazzocchi a écrit une musique remarquable par la nouveauté des rythmes (3), l'élégance des harmonies, la grâce avec laquelle les parties se répondent et s'enchaînent (4), et par- fois la beauté pathétique de la déclamation. Les angoisses de Falsirena, torturée par l'amour d'Adone qu'elle tient captif, et la crainte de le voir s'échapper, sont peintes avec un grand art (5).

Les mêmes qualités, à un degré plus éminent, se rencontrent dans les Dialoghi et Sonetti du même auteur (6) (1638). Nous. sommes d'autant plus libres ici pour les admirer, qu'elles y ont mieux leur emploi. Mazzocchi a senti où devait aboutir le style récitatif et la savante déclamation de Florence et de Rome : au dialogue érudit, à la transcription musicale de l'Anthologie latine

(1) La pièce fut d'ailleurs écrite pour une rivalité de chanteuses. Giovanni Giorgio Aldobrandino soutenait une certaine Cecca dal padule, et Giando- menico Lupi, une Margherita Costa; il fallait donc leur donner à chacune, dans le drame, une part égale de chant. La femme du prince Aldobrandini empêcha le concours; mais le drame fut joué sept fois avec des « evirati, » et publié. Tronsarelli l'avait écrit sur les conseils du Cavalier Marin , et d'après sa Prigione d'Adone. — Voir l'intéressant livre anecdotique de M. Ademollo, I teatri di Roma nel secolo XVII. Rome, 1888.

(2) Allegoria délia Favola : « Falsirena da Arsete consigliata al bene, ma da Idonia persuasa al maie, è l'Anima consigliata dalla Ragione, ma per- suasa dalla Concupiscenza. E come Falsirena à Idonia facilmente cède, cosi mostra, ch' ogni Affetto è dal Senso agevolmente superato. E se finalmente à duro scoglio ô legata la malvagia Falsirena, si deve anco intendere, che la Pena al fine è seguace délia Colpa.

» Adone poi, che lontano dalla Deità di Venere patisce incontri di varii travagli, è l'Huomo , che lontano da Dio incorre in molti errori. Ma come Venere, à lui ritornando, il libéra d'ogni affanno, et ogni félicita gli apporta, cosi Iddio, dop6 ch' à noi ritorna co'l suo efficace aiuto, ne fa avanzare sopra i danni terreni, e ne rende partecipi delli piaceri celesti. » (Catena d'Adone, p. 126.)

(3) Chœur des Cyclopes, à 3 {Prologue, p. 4.)

(4) Trio de Vénus, Amour et Adonis (dernière scène, p. 110).

(5) Acte II, se. 2, (p. 34.)

(6) Dialoghi e Sonetti posti in musica da Domenico Mazzocchi. (Rome, Franc. Zannetti, 1638. Unique exempl. connu au Liceo musicale de Bologne.) Les dialogues comprennent : Dido Furens (Virgilii Maronis ex lib. 4 JEn.), à 3 v. — Olindo e Sofronia (di T. Tasso. L. 2° d. Gierusalemme) , à 4 v. — Maddalena errante (del Sig. Princ. Giorgio Aldobrandino), h 3 v. — Nisus et Euryalus (Virgilii Maronis ex 1. Mn.), à 4 v.

�� �