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DÉVELOPPEMENT DE i/OPÉRA ARISTOCRATIQUE EN ITALIE. 133

demi-siècle. Mais s'il est maintenu par la routine des musiciens, ou plutôt leur paresse d'invention , s'il reste longtemps encore à Rome et à Florence la langue de l'opéra, ce n'est pas grâce à ses médiocres attraits que l'opéra continue de vivre et de garder la faveur souveraine. Il faut en convenir : malgré le grand talent de quelques artistes et le génie de deux ou trois, jamais l'opéra n'eût triomphé sans tout ce qui s'y joignait d'agréments étrangers à l'art, sans l'étalage de luxe auquel il se prêtait. Nul spectacle n'offrait aux grands seigneurs autant de prétextes à se ruiner fas- tueusement ; et voilà pourquoi « ce théâtre de princes » fut en effet soutenu par les princes , dont il flattait la vanité et englou- tissait la fortune avec fracas.

��Par dessus tous les autres, les Barberini (1) se distinguèrent dans ce tournoi magnifique. Ils étaient depuis longtemps déjà célèbres par la somptueuse protection qu'ils accordaient aux arts, et en particulier à la musique. Les dédicaces des artistes en font foi (2). Mais leur réelle influence sur la musique ne commence que vers 1633, quand la construction de leur palais est ter- minée (3). Ils ont fait bâtir un théâtre capable de contenir plus de trois mille spectateurs. Us peuvent dès lors royalement hé- berger la musique qu'ils aiment. Aussi n'est-il presque plus d'oeuvre musicale à Rome qui échappe à leur empire. Presque toutes portent leur nom inscrit au front, soit par reconnaissance, soit par flatterie intéressée (4).

(1) Urbain VIII (Maffeo Barberini), pape depuis 1623, mort en 1644; Don Taddeo Barberini, préfet de Rome; le cardinal Antonio Barberini, légat en France en 1625; le cardinal Francesco Barberini, légat en Espagne.

(2) 1629. La Sirena d'Ottavio Tronsarelli {Drammi musicali). — 6 juin 1629. Diana Schernita de Cornachioli (voir chap. VI). Déd. à Taddeo Barb. : « Poi- cho al volo sonore délie Api non disdice il concento piacevole délia Musica. »

(3) « Avvisi di Roma dell' Allegrucci » (Magliabechiana), 14 octobre 1634; Avvisi di Roma di Valentini (Corsiniana), 23 décembre 1634.

(4) Au théâtre Barberini :

Fév. 1634. S. Alessio de Landi. Déd. au card. Barberini.

Carnaval 1635, 1636. Vita di S. Te.odora (?).

1637. Erminia de Rossi. Déd. à la princesse Barberini.

1637. Il Falcone (?).

1639. Chi sofre, speri de Marazzoli.

1639. Galatea de Loreto Vittori. Déd. au card. Antonio Barberini.

1653, 1656. Dal maie il bene d'Abbatini.

1656. La Vita umana de Marazzoli.

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