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150 LES ORIGINES DU THÉÂTRE LYRIQUE MODERNE.

de l'étonnant Filippo Acciajoli (t), chevalier de Malte, poète, musicien, décorateur, machiniste, imprésario de théâtre de ma-

��(1) Filippo Acciajoli, né vers 1630 à Rome, mort en 1700, est un des hommes les plus étranges de l'art du dix-septième siècle. D'une grande famille florentine, qui eut quelque temps le duché d'Athènes, riche, très instruit, il fit, de 1657 (?) à 1668, de longs voyages en Allemagne, Hongrie, Bohême, Hollande, Angleterre, Espagne, Méditerranée, Asie, Afrique et Amérique. En 1657, il était académicien du théâtre di via délia Pergola, à Florence (Voir chapitre suivant). Son frère, Niccolô, était cardinal doyen du Sacré-Collège.

En 1670, il mit en scène, à Florence, sur le théâtre di Via del Cocomero» son Girello, déjà représenté, musique de Jacopo Mclani (Aless. Stradella fit la musique du prologue), « dramma musicale burlesco » (Ce même Girello fit le tour de toute l'Italie : Sienne, en 1672; Florence, en 1674; Mo- dène, en 1675; Reggio, en 1676; Venise, en 1682). — Acciajoli écrivit aussi en 1680 et 1681, une Damira placata, musique de Marc. Ant. Ziani, et un Ulisse in Feaccia, musique de Antonio dal Gaudio, romano. La grande nouveauté de ces représentations fut de faire jouer les opéras par des « figure di legno al naturale di straerdinario artifizioso lavoro , » tandis que la musique était exécutée par des chanteurs derrière la scène. — Cette invention est ainsi annoncée dans le livret de Damira placata :

Signoi'i curiosi,

Voi che saper bramate

I secreti più occulti

De l'arte e di natura,

Deh cortesi gradite

Quest'opra che io consacre»

A.1 genio vostro e ad ammirar venite

Chiusi in angusta parte

I portenti dell' arte ;

Che stupidi vedrete

Sfarzo di umano ingegno

Con muti gesti ad animar un legno ;

E confusi direte

Che in piccola figura

Sa l'arte far, cio che non fa natura.

Vostro servo devoto,

Il Bell' Umore.

On cite surtout, parmi ces représentations de marionnettes, Le Noce di Benevento (ou le Conseil des Sorcières) au théâtre du palais Colonna; — Les Champs-Elysées au théâtre de Torre di Nona ; — L'Enfer au théâtre Capranica. Mais par dessus tout le fameux « teatrino di burattini, » qu'il donna à Ferdinand de Toscane, comprenant vingt-quatre changements de décors et cent vingt-quatre figures qu'il dirigeait seul , ne se faisant aider que pour préparer les scènes, adapter les figures à leurs petits rails, et dis- poser les machines Le premier, il proclama qu'une comédie vaut mieux qu'une tragédie, une farce qu'une comédie, une pantomime qu'une farce, et les marionnettes que tout le reste.

Acciajoli n'est que le plus célèbre, non pas l'unique auteur de ces opéras pour marionnettes. En 1679, à Venise, théâtre aile Zattere, on joue II Lean-

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