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164 LES ORIGINES DU THEATRE LYRIQUE MODERNE.

récitatif au dialogue familier : ainsi , dans les dialogues de va- lets (1) , ou dans ce petit récit de Marina (2), où la musique sou- ligne avec une attention spirituelle les qualités de D. Fernando, à mesure que la servante les décrit à sa maîtresse. Le rôle de Tabacco est traité avec rondeur. Ses ariettes (3) ont un entrain comique et une large bouffonnerie d'allure, qui annonce ses har- dis successeurs de l'opéra buffa.

��Le mouvement se propageait si bien, qu'en 1657 un théâtre fut fondé à Florence, pour le genre nouveau, par Y Académie degli Immobili (4). Il s'ouvrit au Carnaval, via délia Pergola, par un a drama civile rusticale » de Gio Andréa Moniglia , musique de Jacopo Melani : La Tancia, overo il Poteslà di Colognole (5). Cette

��D. Leonora : A che? Dimme'l, Marina?

Marina : AU' havermi donato questa rosa di diamanti si ricca e pellegrina : questo è di vero amore il più certo argomento ; quando la man non accom- pagna il core , è segno che nel cor l'ardore è lento. Io mi rido di certi che vogliono spacciarsi per Amanti, e senza mai donare un par di guanti ; solo nella constanza e negT amori fondando ogni ragione, pretendono favore, che sciocca pretensione?

D. Leonora : Gl'hai detto ?

Marina : Nô, signora; non dico quel ch'io s6, si facilmente, in ciô che di tacere è conveniente. Io non mi lascio intendere ; andai là per comprare, è non per vendere ; onde gli dissi solo quanta cagion di duolo il suo maie à te dia, ma non dissi per6 chi tu te sia..., etc.

(1) Acte III, scène 3.

(2) Acte II, scène 5 (Voir le dialogue ci-dessus). — L'exactitude un peu précieuse du détail musical , la minutie légèrement prétentieuse de la des- cription, rappelle une page des maîtres chanteurs, la scène où l'apprenti David décrit à Walther les différents genres de style usités à l'école.

(3) Acte II, scène 6. Acte III, scène 1. — Don Fernando croit que sa maî- tresse a un autre amant. Son valet Tabacco veut lui persuader qu'il doit s'en réjouir.

D. Fernando : Je ne comprends pas pourquoi.

Tabacco : C'est une proposition bien claire et bien courante : Qui peut faire le plus, peut faire le moins. Donc, si celle-là en sait aimer plus d'un, paix, ne t'afflige plus; elle saura bien mieux encore, le jour où elle voudra t'aimer seul.

(4) Voir le petit ouvrage de M. Ademollo : I Primi Fasti del Teatro di Via délia Pergola in Firenze (1657-1661), Ricordi. — (M. Ademollo ne connaît pas les partitions de Melani).

(5) La Tancia, overo II Podestà di Colognole, poesia del sig. Andréa Moniglia, musica del sig. Jacomo Melani (Bibl. Chigi, Q. V. 36). Magnifique partition manuscrite, avec majuscules, 210 p.; à la fin, une table alphabé-

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