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LES ESSAIS D OPÉRA POPULAIRE EN ITALIE. 177

comte de Torono; la musique (perdue), de Iacinto Lombardo.

A la suite de cet essai se succédèrent de loin en loin des ébauches de représentations musicales au palais du vice-roi, telles que II Giudizio di P aride , de 1645, poésie d'Antonio Basso (1), drame très court, où paraissaient seulement Mercure, Paris et les trois déesses.

Mais c'est seulement en 1651 ou 1652, que le comte d'Ognatte, vice-roi de Naples, « y introduisit l'usage des comédies en mu- sique (2). » D'autres grands seigneurs, comme le duc de Madda- loni , soutinrent ses efforts ; et du jour au lendemain , l'opéra , inconnu la veille encore à Naples, y devint la passion des habi- tants (3). Salvator Rosa , musicien lui-même, flagelle assez durement dans ses Satires , cette passion pour la musique (Sa- tira la Musica). Les termes en sont trop crus pour que je puisse les citer ici. — On fit venir de l'étranger les chanteurs (4) et les œuvres. Les mélodrames de Venise apportèrent dans ce pays, tout neuf encore aux impressions de l'opéra, leur brillante décadence. Le premier choix fut cependant heureux, s'il est vrai que les représentations débutèrent à Naples par YIncoronazione di Poppea de Monteverde, en 1651 (5). Mais bientôt elles ne sont plus que le prétexte à des mises en scène effrénées, « grandiose apparenze di Gittà, palazzi, meschite (mosquées), giardini , battaglie, balli

(1) Antonio Basso mourut tragiquement en janvier 1648, par ordre du duc de Guise, contre qui il avait conspiré. Ses poésies furent publiées à Naples en 1645.

(2) « Il duca d'Ognatte, vicerè di Napoli, rinnovô 1' uso antico de' passa- tempi délie maschere nel Carnevale, ed introdusse 1' uso délie commedie in musica nella città (Dom. Ant. Parrino , Teatro eroico e politico de' vicerè del regno di Napoli. Naples, 1770, II, 460).

(3) Il pénétra même presque aussitôt en province. A Cosenza, en Calabre, on donne en 1654 un Orfeo de Carlo d'Aquino, à 7 voix et chœurs.

(4) La première compagnie de chanteurs venue à Naples, s'intitule : I Febi Armonici. Les représentations étaient données dans le palais du comte d'Ognatte, salle du Jeu de Paume.

(5) 1651. Il Nerone, overo Vincoronalione di Poppea, drama musicale ded. ail' illustriss. et eccell. sign. D. Inigo de Guevara et Tassis, conte d'Onate. Naples, R. Molli, poés. Gio. Franc. Busenello (avait été joué en 1642 et 1646 à Venise).

Viennent ensuite :

21 déc. 1052. Veremonda l'Amazzone d'Aragona, de Cavalli, à l'occasion de la prise de Barcelone.

1653. Giasone, de Cavalli (donné en 1649, à Venise).

1053. Le Magie amorose, di G. Cesare Sorrentino, arricchito di prospet- tive, macchine e balli da G. Batt. Balbi (déd. au comte d'Onatte).

1654. Orontea regina d'Egitlo, de Cesti (donné à Venise en 1649).

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