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LES ESSAIS D'OPÉRA POPULAIRE EN ITALIE. 179

glia de Givita-Lavinia (1), remplissent le théâtre lyrique napo- litain de leurs œuvres bizarres, où l'emphase s'allie au naturel, et les inventions les plus extravagantes aux observations vraies. Plus encore qu'à Venise, la comédie pénètre dans l'opéra sé- rieux. Autour des grands personnages se groupent les domes- tiques de cour. Les confidents muets ouvrent enfin la bouche ; les portes de service laissent passer les valets ; ils entrent sur la scène, ils n'en sortiront plus ; ils s'y trouveront si bien qu'ils mettront les maîtres dehors. Dans les premiers temps, le Page et la Nourrice se contentent de paraître quand on est rassasié d'hé- roïsme, (ce qui ne peut manquer; car l'héroïsme prend à Naples des allures forcenées, dont l'esprit ne saurait s'accommoder long- temps). La Nourrice se lamente de son âge, qui n'a pas éteint les ardeurs d'un cœur trop généreux. Le Page rebute ses décla- rations, avec un esprit souvent brutal. Quelquefois elle s'en venge par la magie (2), (nous sommes au pays du mauvais œil et des petites cornes de corail). Mais le plus souvent elle se con- sole par les bonnes fortunes des autres ; car elle est d'âme sen- sible ; haud ignara mail..., elle s'emploie à le combattre chez les autres, en l'assistant; elle est entremetteuse. C'est aussi un des métiers du Page , à ses moments perdus ; il l'accomplit avec le cynisme d'un Pandarus (3), et son ironie ne désarme jamais. Il est rare qu'il épargne les jeunes dames du public (4). Quelquefois

��(1) Né en 1650. Un des quatorze fondateurs de l'Arcadie. Historiographe et poète de l'empereur Léopold (sous le pseudonyme : Palemone Licurio). Voir Crescimbeni : L'Arcadia, 1708. — Scherillo examine longuement sa Cadula. dei Decemviri, 1697, musique de Scarlatti.

(2j Zaleuco, 1688. Comodo Antonino, 1696.

(3) Silandra, mariée, aime Ermegisto , fils de Zaleucus, et s'en désespère.

Le Page. Volersi disperare è uno sproposito ; Se voi siete casata Ne lo sposo è a proposito, Acciô che consolata Siate, lasciate fare a me l'offitio : Non mancano manière a chi ha giuditio. E fatta la legge Per chi non sa far ; Chi bene si regge E lieta in amar.

11 introduit Ermegisto dans l'alcôve, et s'en va : Horsù vi lascio acciô nessun v'annoi ; Se non sapete far, peggiô per voi.

(Zaleuco, II, 1.)

(4) Stampiglia, dans la Parlenope (1699), lui prête d'assez jolis vors, amoureux et satiriques.

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