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204 LES ORIGINES DU THÉÂTRE LYRIQUE MODERNE.

Passions (1), la Nativité du Christ (2), la Résurrection du Seigneur (3), les Sept paroles du Christ (4) , et surtout les trois parties de ses Symphoniae Sacra, parues en 1629 (5), 1647 (6) et 1650 (7). Peu de temps avant sa mort, il travaillait encore à une Passion selon les trois évangiles et au 119 e Psaume (8).

Parti du grand art polyphonique de Gabrieli, frappé vers 1630 de la révolution musicale de Monteverde, et un instant atteint par son imitation (1647) (9), il se ressaisit bientôt et maintient sa puissante personnalité, dont nous allons tenter de donner une idée (10).

Dès ses premières œuvres, Schùtz affirme sa tendance (commune à tonte l'époque) vers la déclamation lyrique. Il demande que les mots soient compréhensibles et compris de tous; « sans quoi ce ne serait qu'une bataille de mouches (11). » On sent cette recher- che expressive, ce désir de colorer chaque mot de son sentiment musical, dans les chants à cinq parties de 1625 pour la Passion. Ils s'accentuent dans les symphonies sacrées de 1629, et surtout de 1647. Mais sa forte éducation trempée aux sources mêmes de

��(1) On connaît quatre Passions de Schûtz : selon saint Jean (1C65), selon saint Mathieu (1666), selon saint Luc, et selon saint Marc (cette dernière, d'authenticité plus douteuse). Les mss. sont à Leipzig et Wolfenbûttcl (1 er vol. des œuvres complètes). Il n'y faut pas chercher la richesse lyrique de Bach, mais une parfaite justesse d'accent, profondément touchante, et une émotion concentrée.

(2) Historia von der Geburt Jesu Christi (1671, ibid.)

(3) Historia von der Auferstehung Jesu Christi (1623, Dresde, ibid.)

(4) 'Die Sieben Worte Jesu Christi am Kreuz (ms. à Cassel, ibid.)

(5) Symphoniae Sacrae, 1" partie. 1629, Venise, Bart. Magni (5 e vol.). 20 symphonies , pour voix et orchestre. L'instrumentation varie de l'un à l'autre morceau. Schûtz emploie les violons, fagott, flautini, fiffari, posaune, trombetta et organo.

(6) Symphoniae Sacrae, 2 e partie. 1647, Dresde (7 e vol.). 27 symphonies.

(7) Symphoniae Sacrae, 3" partie. 1650, Dresde, op. 12 (exempl. Berlin, Wolfenbuttel) (10 e et 11 e vol.) ; 22 symphonies.

(8) Eloge funèbre de Schûtz, par Martin Geier.

(9) Deuxième partie des Symphoniae sacrae, 1647, où l'on sent la con- naissance et l'étude des Scherzi musicali (1632) et des Madrigali guerrieri (1637) de Monteverde. 11 introduisit même, dans un de ses chants spirituels (« Es steh Gott auff »), les motifs du madrigal de Monteverde : « Armato il cor, » et de la Chacone : « Zefiro torna. » (Voir le 7 e vol. des œuvres compl.)

(10) Les œuvres complètes de Schûtz viennent d'être publiées en Allemagne, chez Breitkopf, par Philipp Spitta (Ueinrich Schûtz, Sàmmtliche Werke, herausgegeben von Philipp Spitta. Breitkopf, 13 vol., 1885-1893).

(11) « Una battaglia di moschc. » (Préface des Psaumes de David, motets à 8 voix. 1619, Dresde.)

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