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l'opéra en frange. 241

ment de l'art national (1). Cependant l'esprit français, dès ses pre- miers essais en musique, avait trouvé la forme qui lui convenait le mieux : la mascarade et le ballet (2), — le divertissement musi- cal. Les plus célèbres spectacles de ce genre sont le ballet dansé devant les Polacres avant le départ du duc d'Anjou, (et dont Roland de Lassus avait écrit la musique) (3); et surtout le Ballet comique de la reine (4), donné en 1582 pour les noces du duc de Joyeuse avec M 1Ie de Vaudemont. Henri III y dansa. Ce spectacle, un des plus fastueux qui ait jamais été, était une œuvre collective; pour la musique, de Beaulieu et Salmon , musiciens de chambre du roi ; pour la poésie, de La Chesnaye, aumônier du roi ; pour l'in- vention et l'ordonnance, de Baltazar dit Beaujoyeulx, violoniste piémontais, venu à Paris à la suite de Catherine de Médicis; enfin, Jacques Patin en avait peint les décors et dessiné les cos- tumes. Les frais s'élevèrent, d'après Laborde, à plus de cinq mil- lions, (d'autres disent : trois millions six cent mille francs). La

(1) Ronsard et Baïf semblent découragés après la Saint-Barthélémy. En vain Baïf adresse des suppliques au roi. La cour se désintéresse de l'art. Le roi est indifférent.

Charles au beau nom, noble roy de la France, ... verrez-vous mourir en sa naissance Vostre facture née avec un si bon heur, Qu'elle peut à jamais, célébrant vostre honneur, Publier de vos noms la gloire et l'excellence? Mes compagnons et moy, sous vostre autorité, Nous mourrons dépouillez de l'honneur mérité D'avoir osé ! Combien que l'entreprise meure, Quel reproche à venir vers la postérité, Par faute de sentir vostre bénignité, Qu'un si rare dessein manqué d'effet demeure !

(Baïf.)

(2) Voir dans Fournel, Contemporains de Molière, 1866, t. II, p. 173 et suiv., comment l'esprit du ballet, importé sans doute en France par Ca- therine de Médicis, se glisse peu à peu dans le carrousel, puis dans la mas- carade, et profite de l'abandon des tournois après 1557.

(3) Baltazarini en avait réglé les danses. J. Dorât nous en a laissé la description.

(4) Balet comique de la Royne, faict aux nopces de Monsieur le Duc do Joyeuse et Mademoiselle de Vaudemont , sa sœur, par Baltasar do Beau- joyeulx, valet de chambre du Roy et de la Reine sa mèro. A Paris, par Adrien le Roy, Robert Ballard et Mamert, Imprimeurs du Roy, 1582. (Exem- plaire à la Bibl. du Conservatoire de Paris.)

Orchestre : Instruments à cordes (écrits à 5 parties dans les airs do ballet); flûtes, hautbois, cromorne , trompettes, cornets, sacquebutes (trombones), harpe, trois luths, tambour, orgue, flùto do Pan.

M. Wcckerlin a publié la partition (en réduction pour piano avoc chant) dans la Collection des chefs-d'œuvre de Vopéra français : Théod. Michaelis.

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