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L'OPÉRA EN FRANCE. 249

pondérante qu'il prendra dans l'Opéra, lui donnera un de ses caractères les plus originaux, et le plus vraiment français (1).

��Déjà Lully a débuté en 1658; et Cambert, le devançant, crée l'opéra français en 1659.

C'est encore à un Italien qu'en revint l'initiative (2). Le car- dinal de la Rovère, archevêque de Turin, nonce apostolique d'Innocent X à Paris, fournit un sujet de drame lyrique à Pierre Perrin (3), introducteur des ambassadeurs près Gaston d'Orléans, et le mit en rapport avec le bénéficier Cambert (4), organiste de l'église Saint- Honoré. De leurs travaux communs sortit, en 1659,

(1) « Les Combattants et les Çyclopes de Persée , les Trembleurs et les Forgerons d'Isis, les Songes funestes d'Atis, et autres entrées de ballet, sont des pièces originales, soit pour les airs de Lully, soit pour les pas de Beauchamp, ces deux grands hommes. » (Raguenet.)

(2) Il sera bon de ne pas oublier cette part des Italiens à la création de notre théâtre lyrique. Charles IX, Baïf, Baltazarini, Mazarin, Sacrati, Rossi, le cardinal Bichi, le cardinal de la Rovère, Lully, qui, après tant d'efforts, réussissent enfin à établir l'opéra en France , sont tous Italiens ou de sang à demi-italien.

(3) Pierre Perrin, né à Lyon en 1620, mort en 1675. Il prenait le titre d'abbé.

(4) Robert Cambert, né à Paris vers 1628, mort à Londres au commence- ment de 1677. Fils d'un fourbisseur; épouse en 1653 Marie du Moustiers, fille d'un tailleur de Pontoise, dont il a une fille. Elève de Chambonnières pour le clavecin. Débute par des motets et des chansons bachiques. Il est sans doute nommé organiste de Saint-Honoré, après le succès de sa Pasto- rale en 1059, et devient surintendant de la musique d'Anne d'Autriche. — Ses premières œuvres éditées sont des Airs A boire, 1665, Ballard (un exem- plaire incomplet à la Bibl. Nat. ; le dessus manque). « Vous y trouverez, » dit-il dans la préface, « quelques nouveautés singulières et qui n'ont point été pratiquées par ceux qui m'ont devancé, comme des dialogues pour des dames et des chansons à trois, dont les couplets ont des airs différents. » Il annonce aussi la prochaine publication de ses motets (qui n'eut pas lieu).

1666. Un trio italien burlesque, pour le Jaloux invisible, de Brécourt.

1671. Pomone.

1671. Plaisirs et peines de l'amour.

1673. Ariane, représentée à Londros, où Cambert devint surintendant do la musique de Charles II. Il y écrivit aussi une Mort d'Adonis. Do toutes ces œuvres, il ne nous reste que le 1" acto do Pomone et le 1" acte des Peines et plaisirs, avec le trio italien. M. Weckorlin les a édités dans la collection Michaelis, avec d'intéressantes préfaces auxquelles je ronvoio lo lecteur. Voir aussi A. Pougin , Les vrais créateurs de l'opéra français, Penin et Cambert, 1875. — Ce chapitre de l'histoire de l'opéra français est d'ailleurs un des mieux connus. Il n'est pas le plus intéressant.

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