Page:Rolland Les origines du théâtre lyrique moderne.djvu/288

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

274 les Origines du théâtre lyrique moderne.

qu'il a réussi , ne le chicanons pas. Tl est seulement fâcheux que presque toute notre musique se soit appliquée à soutenir chez nous un genre qui est italien ou allemand, l'Opéra, plutôt qu'à chercher une expression de l'instinct national plus artistique et plus haute que l'opéra comique.

Comment s'en étonner pourtant? Un rôle brillant, mais acces- soire, ne pouvait convenir à nos musiciens. Il est rare qu'on ait la juste conscience de ses forces, et il est bon de tenter davantage. En cherchant à sortir de ses limites, notre art. protégé par sa grâce et son tact, n'a jamais commis d'erreurs pareilles aux étran- gers, quand ils ont tenté des imitations françaises; il a même réussi parfois à faire illusion aux étrangers eux-mêmes. En réa- lité, il n'a jamais été au delà du second rang. L'éclat avec lequel il l'occupe ne suffit pas à nous enlever le regret qu'il n'ait pas eu un sentiment plus clair de son rôle artistique. Quelques-uns de nos musiciens l'ont cependant compris. Le plus Français de tous a donné dans Y Artésienne la mesure de notre musique dramati- que, et montré la grandeur où elle pourrait atteindre, en consen- tant seulement à obéir à ses lois.

�� �