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292 LES ORIGINES DU THÉÂTRE LYRIQUE MODERNE.

même les germes de l'art lyrique qui en eût été l'expression. Qui sait ce que serait un musicien anglais , le jour où il briserait la contrainte glacée de sa vie et de sa pensée? — Le pourra- t-il encore?

��Jusqu'à la première moitié du dix-septième siècle (1), il y a peu de drames et de comédies anglaises, où la musique vocale ou instrumentale n'ait une part. C'est un usage constant d'introduire des intermèdes musicaux entre les actes. Dans une des premières comédies régulières anglaises, en 1551 , un des personnages s'adresse aux musiciens et les prie d'occuper les spectateurs en son absence^ Dans la tragi-comédie de King Cambyse, la musique joue durant le banquet. Chaque acte de Jocasie est terminé par un chœur. La comédie de Damon et Pythias, par Richard Ed- wards (2), est un vrai drame musical. Les acteurs chantent par instants, accompagnés par les instruments. Dans la scène où Py- thias doit être exécuté pour Damon , chaque couplet est terminé par un chœur de Muses. On remarque aussi un trio, et un final, chanté en l'honneur de la reine.

La Tempête, Comme il vous plaira, etc., de Shakespeare, ont des caractères très curieux de drames fyriques. Ici, les chansons d'Amiens, les chœurs de chasseurs et les dialogues des pages, le cortège de l'Hymen (« avec musique solennelle »), les danses de la fin; — là, les doux chants d'Ariel, les chœurs des esprits, les apparitions (<■ musique douce »), la mascarade d'Iris, de Cérès et Junon. Je ne parle pas des chansons des fées, des dialogues ly- riques d'Oberon et de Puck, des cortèges avec danses du Songe a"une nuit d'été, des chœurs de Roméo, et de tant de drames de

��Mais il est plus facile de changer sa conduite que sa pensée. On ne trans- forme pas à volonté son inspiration artistique et son émotion intérieure ; on l'étouffé seulement.

(1) Charles Burney, A gênerai history of Music, from the Earliest Ages to the Présent Period, 4 vol. Londres, 1776 (2 8 édit. 1789). — John Hawkins, A gênerai history of the Science and Practice of Music, 2 vol. Londres, 1853. — George Hogarth, Memoirs of the Opéra in Ilaly , France, Germany and England, 2 vol. Londres, Bentley, 1851. — Edwards Sutherland, History of the Opéra, from its origin in Italy to the présent lime, with anecdotes, 2 vol. in-12. Londres, Allen, 1862. — Lindner, Zur Tonkunst Abhandlungen. Berlin, Guttentag, 1864.

(2) Richard Edwards, musicien, était un des maîtres de la chapelle royale, au commencement du règne d'Elisabeth. Il mourut en 1566. Sa pièce fut chantée par la chapelle royale.

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