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L'OPÉRA EN ANGLETERRE. 299

de l'amour (1680) (de Lees), etc. (1). Ces airs furent joués dans les théâtres jusqu'à la seconde moitié du dix-huitième siècle. Dans toutes ces œuvres, Purcell se soumet aux axiomes de Dryden, ou partage son abnégation devant l'art étranger. Les Italiens lui sem- blent des modèles dont on ne saurait s'écarter sans présomption personnelle et sans dommage pour l'art. Il le dit clairement dans sa préface de Douze Sonates pour deux violons et basses (1683), où il rend hommage au style italien, à son sérieux et à sa gravité, et invite les Anglais à se pénétrer de ses enseignements. Dix Sonates nouvelles, publiées peu après, affirment sa reconnaissance pour les maîtres italiens (Torelli et Bassani, maître de Gorelli). Elles rappellent en effet Gorelli, qu'il n'a pu imiter(2), mais qui procède de la même inspiration. La forme est moins égale. Moins virtuose que Corelli, Purcell a laissé dans ses œuvres quelques maladres- ses d'écriture; mais la pensée est plus profonde, et, sous plus d'un rapport, on peut préférer le maître anglais à l'italien. Une de ces Sonates est surtout célèbre sous le nom de Sonate d'or (3).

L'influence étrangère se sent encore dans la dédicace de la Pro- phétesse , ou Histoire de Dioctétien (1690) (4), au duc de Somerset, a C'est en étudiant les Italiens, qui sont les meilleurs maîtres, et en prenant de l'art français son élégance et sa gaieté , qu'on pourra élever en Angleterre la musique , cet enfant en nour- rice. »

Mais déjà à cette époque, Dryden et Purcell s'étaient liés d'amitié (5), et ils avaient collaboré à un arrangement de la Tem- pête (6). Malgré les odieuses profanations de la pièce de Shakes- peare, et les fautes de goût de la musique, où l'on sent pourtant un souffle de nature assez mystérieux et personnel, à la Weber, les deux hommes prirent dans ce travail en commun avec leur glorieux Will , la conscience de leur force et de l'originalité de leur race.

��(1) Ils furent publics par sa veuve, après sa mort, en 1697, sous le nom de Collection d'airs composés pour le théâtre, et autres occasions. Ecrits à 4 parties, pour 2 violons, ténor et basse.

(2) Les trios de Corelli parurent la même année.

(3) Hawkins l'a transcrito dans son Histoire, II, 755.

(4) Arrangée « à la manière d'opéra » par Betterton, d'après Beaumont ot Flctchcr.

(5) Purcell avait été le professeur de musique de la femme de Dryden. (fi) Par Davenant et Dryden. La musiquo consiste surtout on chants et

chœurs des habitants aériens do l'île. Des fragments on sont encore j au concert aujourd'hui.

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