Page:Rolland Les origines du théâtre lyrique moderne.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le Madrigal dramatique. 31

cle (1). La raison en est sans doute dans la popularité croissante de la musique des grands maîtres, depuis que Josquin a adouci et simplifié le rude contrepoint. L'harmonie est devenue l'élément capital de la musique , et, dès la fin du quinzième siècle, l'habi- tude s'est établie dans la société de chanter des motets à plusieurs voix. Les mélodies et monodies ont fini par se perdre, et les chan- teurs a liuto ont presque entièrement disparu (2).

Ces habitudes nouvelles créent un genre nouveau : le Madrigal. Sorti de l'école vénitienne d'Hadrian Willaert (3), vers 1530, le madrigal se répand rapidement dans toute l'Italie ; c'est la musi- que de chambre des sociétés distinguées au seizième siècle. Le compositeur s'y applique à de courtes poésies, et les traite en un contrepoint libre à trois, quatre, ou plusieurs voix (4). Cette in-

(1) Sur cette question, bien faite pour surprendre, de la disparition pen- dant un siècle du plus naturel de tous les arts, le chant pour voix seule, consulter Kiesewetter {Schicksale und Beschaffenheit des weltlichen Ge- sanges, vom friihen Mittelalter, bis zur der Erfindung des dramatischen Styles, und den Anfàngen der Oper. — Leipzig, Breitkopf, 1841), qui, dans son livre, excellent pour l'époque, y insiste d'ailleurs un peu plus que de raison.

(2) Ils reparaîtront à la fin du seizième siècle, avec la réinvention du chant à une voix. Ce n'est donc pas d'eux que sort la monodie de Florence (Péri. Caccini), comme le dit Gevaert (préface aux Gloires d'Italie, Heugel); mais ils l'ont conservée à travers le moyen âge et le quinzième siècle (bal- late, villanelle, serenate, airs d"e comédies, vaudevilles, romances, etc.).

(3) Hadrian Willaert, de Bruges, né vers 1480, mort en 1562, maître de chapelle de Saint-Marc à Venise en 1527; il y créa une célèbre école de chant et de composition.

(4) Le madrigal n'est pas composé d'après un thème donné (cantus firmus) (au rebours de la plupart des messes et motets), mais d'invention complète- ment libre; aussi a-t-il une grande variété. — Son origine remonte plus haut que 1530; mais par l'extraordinaire développement qu'il prend à cette époque, il y a comme une véritable renaissance. Des milliers de madrigaux paraissent durant tout le siècle. On peut s'en faire une idée par la liste de ceux qui nous sont restés, dressée avec le catalogue de leurs éditions dans la Bibliographie de Einil Vogel, Bibliotheh der gedruchten weltlichen vo- calmusih Italiens, aus den Jahren 1500-1100. Berlin, Haack, 1892, 2 vol. Le titre promet davantage; en réalité, l'ouvrage n'a de valeur que pour la littérature madrigalesque.

Tromboncino et Archadelt ont mis en musique 3 madrigaux de Michel- Ange (voir édit. de 1875, Florence, Guidi, à peu d'exemplaires). — Dès 1517 (un an après la l ro impression du Roland furieux), le même Tromboncino de Vérone, musicien très goûté des Este et des Gonzaguo , mettait en mu- sique à 4 voix le lamento d'Orlando, disperato pel tradimento d'Angelica. (voir Una Stanza del Furioso. Roma, Andréa Antico da Montona, 1517, 4* vol. de Canzoni).

Les plus célèbres maîtres de madrigaux au seizième siècle sont Willaert

�� �