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36 LES ORIGINES DU THÉÂTRE LYRIQUE MODERNE.

dont l'âme mélancolique respire le parfum délicat de la nature italienne.

Striggio s'est-il souvenu de son ancêtre, en publiant avec la première édition de son Cicalamento, le Lamento di Didone (à plu- sieurs voix) de Gipriano Rore? En tous cas , il prouve qu'il ne se désintéresse pas de la beauté antique; il la sent aussi bien que ceux qui se réclament d'elle pour transformer la musique. Mais il leur montre qu'il est des sources d'inspiration plus proches, dans la vie qui les entoure; et en vérité , on est plus près des an- ciens, en regardant comme eux l'éternelle nature avec de jeunes yeux et une âme sincère, qu'en voulant retrouver dans leurs re- gards éteints le reflet d'un'génie qu'ils ne peuvent transmettre.

��Le plus intéressant et le plus complet des champions, encore maladroits, mais puissants, de l'art nouveau, qui ne veut rien devoir aux anciens, et ne pense qu'à exprimer fidèlement l'esprit de son époque, est Orazio Veechi, de Modène.

Orazio Veechi (1) est un homme de la Renaissance. Il en a la surabondance de sève, le besoin d'agir, la robuste belle humeur. Maître de chapelle de Modène (2), on le trouve sur toutes les rou- tes d'Italie (3), seulement au logis pour prendre part aux rixes et

(1) Né sans doute à Modène vers 1550 (Chron. originale du Spaccini, Arch. comunale), mort le 19 février 1605. — Il étudie la musique à Bologne, avec le servite fra Salvatore Essenga de Modène (voir l'épître dédicatoire du 1 er livre des madrigaux de fra Arcangelo Gherardini da Siena, dell ordine di Servi. Ferrare, Baldini, 1585). Sa première œuvre connue est un madrigal publié en 1566, dans le 1 er livre des madrigaux de son maître Essenga (Gardane). En 1586, il est prêtre, chanoine et archidiacre à Correggio.

(2) Supplique du 5 mars 1584 à la commune de Modène pour une subven- tion qui lui permette de résider dans sa patrie. Le conseil lui accorde , le 6 avril, 10 livres par mois, à condition qu'il enseigne la musique à Modène, moyennant rétribution convenable, et ne s'éloigne pas. — Malgré une maison à Correggio (testaments de 1588 et 1592), Veechi semble avoir été pauvre.

(3) 1577. Voyage à Brescia, avec le comte Baldassare Rangoni. 1578. A Bergame.

1591. A Venise.

1595. Pèlerinage à Lorète (il en écrit le récit). Il dirige les pèlerins

musiciens à Bologne. 1597. A Venise, avec le comte Luigi Montecuccoli. 1600. A Rome, avec le cardinal Alêssandro d'Esté. Il s'arrête à Florence

pour entendre VEuridice. Il revient avec le comte Alfonso

Fontanelli de Reggio, etc.

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