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AMOUR

ne pourrais pas le satisfaire ? Je déchirerai le contrat, et je veux que tu me serves, en dépit de tout. »[1]

Michel-Ange fut sur le point de fuir.

Il songea à se réfugier près de Gênes, dans une abbaye de l’évêque d’Aleria, qui était son ami, et qui avait été celui de Jules II : il eût terminé là commodément son œuvre, dans le voisinage de Carrare. L’idée lui vint aussi de se retirer à Urbin, qui était un lieu paisible, et où il espérait être bien vu, en souvenir de Jules II : il y avait déjà envoyé, dans cette intention, un de ses gens pour acheter une maison.[2]

Mais, au moment de se décider, la volonté lui manquait, comme toujours ; il craignait les conséquences de ses actes, il se flattait de l’éternelle illusion, éternellement déçue, qu’il pourrait s’en tirer par quelque compromis. Il se laissa de nouveau attacher, et il continua de traîner son boulet jusqu’à la fin.

Le premier septembre 1535, un bref de Paul III le nomma architecte en chef, sculpteur et peintre du palais apostolique. Depuis le mois d’avril précédent, Michel-Ange avait accepté de travailler au Jugement Dernier.[3] Il fut entièrement occupé par cette œuvre, d’avril 1536 à novembre 1541, c’est-à-dire pendant le séjour de Vittoria à Rome. Au cours de cette énorme tâche, — sans doute, en 1539, — le vieillard tomba d’échafaudage, et se blessa grièvement à la jambe. « De douleur et de colère, il ne voulut être soigné par aucun médecin. »[1]

  1. a et b Vasari.
  2. Condivi.
  3. L’idée de cette immense fresque, qui couvre le mur d’entrée de la chapelle Sixtine, au-dessus de l’autel du pape, remontait à Clément VII, dès 1533.
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