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II

FOI


Signior mie caro, i’ te sol chiamo e ’nvoco
Contra l’inutil mie cieco tormento.[1]


Son désir eût été, après la mort de Vittoria, de revenir à Florence, pour « coucher ses os fatigués, à côté de son père, dans le repos ».[2] Mais après avoir servi, toute sa vie, les papes, il voulut consacrer ses dernières années à servir Dieu. Peut-être y avait-il été poussé par son amie, et accomplissait-il un de ses derniers vœux. Un mois avant la mort de Vittoria Colonna, le premier janvier 1547, Michel-Ange était en effet nommé, par bref de Paul III, préfet et architecte de Saint-Pierre, avec pleins pouvoirs pour élever l’édifice. Il n’accepta pas sans peine ; et ce ne furent pas les instances du pape qui le décidèrent à charger ses épaules de septuagénaire du fardeau le plus lourd qu’il eût encore porté. Il vit là un devoir, une mission de Dieu :

« Beaucoup croient — et je crois — que j’ai été placé

  1. Poésies, CXXIII.
  2. Lettre de Michel-Ange à Vasari. (19 septembre 1552)
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