bien que le monde n’en serait pas ébranlé ; mais enfin chaque animal s’efforce de conserver son espèce. C’est pourquoi je désire que tu te maries.[1]
Enfin Michel-Ange lui-même se lasse ; il commence à trouver ridicule que ce soit lui qui s’occupe toujours du mariage de Lionardo, et que celui-ci ait l’air de s’en désintéresser. Il déclare qu’il ne s’en mêlera plus :
Depuis soixante ans, je me suis occupé de vos affaires ; maintenant, je suis vieux, et je dois penser aux miennes.
Juste à ce moment, il apprend que son neveu vient de se fiancer avec Cassandra Ridolfi. Il se réjouit, il le félicite, et il lui promet une dot de 1.500 ducats. Lionardo se marie.[2] Michel-Ange envoie ses souhaits aux jeunes époux, et promet un collier de perles à Cassandra. La joie ne l’empêche pas toutefois d’avertir son neveu que, « quoiqu’il ne se connaisse pas très bien à ces choses, il lui semble que Lionardo aurait dû régler très exactement toutes les questions d’argent avant de conduire la femme dans sa maison : car il y a toujours dans ces questions un germe de désunion ». Il termine par cette recommandation goguenarde :
« Allons !… Et maintenant, tâche de vivre ; et penses-y bien, car le nombre des veuves est toujours plus grand que celui des veufs. »[3]
Deux mois après, au lieu du collier promis, il envoie
- ↑ Il ajoute pourtant : « Mais si tu devais ne pas te sentir assez sain, alors il est mieux de te résigner à vivre, sans mettre au monde d’autres malheureux. » (Lettres, 24 juin 1552)
- ↑ Le 16 mai 1553.
- ↑ Lettres, 20 mai 1553.