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la vie de Michel-Ange

imposée de se charger de la tutelle de ses fils, dont l’un était son filleul et portait son nom.[1]

Il avait d’autres amitiés, étranges. Par ce besoin de réaction, si fort chez les natures robustes contre toutes les contraintes qu’impose la société, il aimait à s’entourer de gens simples d’esprit, qui avaient des saillies inattendues et de libres façons : des gens qui ne fussent pas comme tout le monde : — un Topolino, tailleur de pierres à Carrare, « qui s’imaginait être un sculpteur distingué, et qui n’eût jamais laissé partir pour Rome une barque, chargée de blocs de marbre, sans envoyer trois ou quatre petites figures modelées par lui, qui faisaient mourir de rire Michel-Ange » ;[2] — un Menighella, peintre à Valdarno, « qui venait de temps en temps chez Michel-Ange, pour qu’il lui dessinât un saint Roch ou un saint Antoine, qu’il coloriait ensuite et vendait aux paysans. Et Michel-Ange, dont les rois avaient tant de peine à obtenir le moindre travail, laissait tout pour exécuter ces dessins, sur les indications de Menighella, entre autres, un Crucifix admirable » ;[2] — un barbier, qui se mêlait de peinture, et pour qui il dessina le carton d’un

  1. Il écrivit à la femme d’Urbino, Cornelia, des lettres pleines d’affection, où il lui promettait de prendre chez lui le petit Michelangelo, « de lui montrer plus d’amour que même aux enfants de son neveu Lionardo, et de lui apprendre tout ce que Urbino désirait qu’il apprît ». (28 mars 1557) — Il ne pardonna pas à Cornelia de se remarier, en 1559.
  2. a et b Voir dans Vasari le récit de ses facéties.
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