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la vie de Michel-Ange

Le même jour, Michel-Ange fit prier Daniel de Volterre de venir et de rester auprès de lui. Daniel manda le médecin, Federigo Donati ; et, le 15 février, il écrivit à Lionardo, sur la demande de Michel-Ange, qu’il pouvait venir le voir, « mais en prenant toutes ses précautions ; car les chemins étaient mauvais ».[1]

Je viens de le laisser,

ajoute-t-il,

 un peu après huit heures, en pleine possession de ses facultés, et paisible d’esprit, mais accablé par une torpeur obstinée. Il en était si incommodé qu’entre trois et quatre heures, cet après-midi, il essaya de sortir à cheval, comme il a l’habitude de le faire, chaque soir, quand il fait beau. Le temps froid et la faiblesse de sa tête et de ses jambes l’en empêchèrent : il rebroussa chemin et s’assit dans un fauteuil, près de la cheminée, qu’il préfère de beaucoup à son lit.

Il avait auprès de lui le fidèle Cavalieri.

Ce ne fut que l’avant-veille de sa mort qu’il consentit à se mettre au lit. Il dicta son testament, en pleine conscience, au milieu de ses amis et de ses gens. Il fit don de « son âme à Dieu et de son corps à la terre ». Il demanda à « revenir au moins mort » dans sa chère Florence. — Puis, il passa

da l’orribil procella in dolce calma,[2]
de l’horrible tempête dans le calme très doux.

C’était un vendredi de février, vers cinq heures du

  1. Lettre de Daniel de Volterre à Vasari. (17 mars 1564)
  2. Poésies, CLII.
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