Page:Rollinat - L’Abîme, 1886.djvu/161

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Plus d’affection qui m’enchaîne !
Insoucieux de mon lambeau,
Dans l’égoïsme du tombeau,
Je marche, comme un ver se traîne.

Il semblerait qu’en ce chemin
De nihilisme sans mirage,
Je ne sentisse pas l’outrage
Qui m’arrive de l’être humain.

Et pourtant, sachant sa piqûre
Aussi vaine que ma raison,
J’en souffre une démangeaison
D’ennui sourd et de rage obscure.

Dès l’attaque, j’ai pardonné,
Mais j’en garde un oubli complexe,
Moitié certain, moitié perplexe
Et moins tranquille qu’étonné.