Page:Rollinat - Les Névroses (Fasquelle 1917).djvu/371

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Puisque, dans toutes mes souffrances,
Ton ironie âpre me mord,
Et qu’à toutes mes espérances
Ton explosion grince : « À mort ! »
 
Je t’offre cette Fantaisie
Où j’ai savouré sans terreur
L’abominable poésie
De ta prodigieuse horreur.
 
Je veux que sur ces vers tu plaques
Tes longs éclats drus et stridents,
Et qu’en eux tu vibres, tu claques,
Comme la flamme aux jets ardents !
 
J’ai ri du rire de Bicêtre,
À la mort d’un père adoré ;
J’ai ri, lorsque dans tout mon être
S’enfonçait le Dies iræ ;
 
La nuit où ma maîtresse est morte,
J’ai ri, sournois et dangereux !
— « Je ne veux pas qu’on me l’emporte ! »
Hurlais-je avec un rire affreux.
 
J’ai ri, — quel suprême scandale ! —
Le matin où j’ai reconnu,
À la Morgue, sur une dalle,
Mon meilleur ami, vert et nu !