Page:Rollinat - Paysages et paysans.djvu/39

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J’imagin’ que la vie éternellement dure,
Et qu’enfin,
La misèr’ d’ici-bas n’connaît plus la froidure
Ni la faim.

J’crois qu’i’n’ya plus d’méchants, plus d’avar’, plus d’faussaires,
Et j’suis sûr
Q’l’épouse est innocent’, l’ami vrai, l’homm’ sincère,
L’enfant pur.

Terre et cieux qui, malgré tout c’que l’rêve en arrache,
Rest’ discrets,
M’découvr’ leurs vérités, m’crèv’ les yeux de c’qu’i’cachent
De secrets.

Allons, ris ma pensée! Esprit chant’ ! sois en joie
Cœur amer !
Que l’bon oubli d’moi-mêm’ mont’, me berce et me noie
Comm’ la mer !

Plus d’bail avec l’ennui ! j’ai l’âm’ désabonnée
Du malheur,
Et, dépouillé d’mon sort, j’crache à la destinée
Ma douleur.