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DE LA MORT

Des éperons, du galon, trois panaches
Hauts et flottants, sans parler des moustaches !
Un vrai suivant du Dieu qu’on nomme Mars.
Sur lui Thibaut a fixé ses regards.
À son costume, à sa mine hautaine,
Il reconnaît un fameux capitaine
Dont les soldats, francs et damnés pillards,
Sont craints, haïs par toute la Lorraine.
L’autre, à son tour, a reconnu Thibaut ;
Il l’interroge : « Où donc va ce maraud ?
— Sauf le respect que je dois à mon maître,
Répond alors notre brave Lorrain,
Je vais chercher par le monde un parrain
Pour un enfant que le Ciel m’a fait naître.
— Quoi ! d’un enfant quelqu’un t’a fait cadeau !
— J’ai fait un fils… — Et tu te mets en quête
D’un bon témoin pour célébrer la fête
Du jour heureux qu’un prêtre d’un peu d’eau
De ton marmot viendra laver la tête.
Par tous les saints ! tu n’iras pas plus loin,
Maître Thibaut, je serai ce témoin.
C’est convenu. Mais, dis-moi, la commère
Est-elle belle ? Et ton vin, est-il bon ? »
À ce discours, tremblant, le pauvre père
Voyait déjà le diable en sa maison.
Il répondit pourtant au militaire :

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