Page:Ronchaud - Le Filleul de la mort, 1880.djvu/50

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Tout mon couvent et tout le voisinage,
S’il le fallait, en rendraient témoignage.
Au mécréant je donne toujours tort,
Toujours raison à l’homme honnête et sage
Qui, servant Dieu, rend à l’Église hommage,
À nos besoins ouvre son coffre-fort,
Et de ses biens fait un juste partage. »
Thibaut sourit. « Ce parrain désiré,
Ami Thibaut, c’est moi qui le serai.
Ce m’est plaisir d’accueillir ta requête,
Car de longtemps je te connais honnête,
Et bon chrétien. Va trouver ton curé ;
En ton logis que le festin s’apprête,
Car sans repas il n’est de bonne fête.
— C’est trop d’honneur, dit d’un ton pénétré
L’ami Thibaut, en se grattant la tête.
Pourtant, Seigneur, un scrupule m’arrête :
C’est qu’il me faut, j’en ai fait le serment,
Dans mon parrain la justice complète,
La conscience et le droit jugement
D’un homme ferme à tout événement.
Or il faut bien, père, que je le dise,
Ces vertus-là sont très peu dans l’Église,
Et, pour trouver une stricte équité,
Il faut chercher ailleurs, en vérité.
Avec la force on sait qu’elle pactise,