Page:Ronchaud - Le Filleul de la mort, 1880.djvu/53

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Il n’en fît rien. De peur d’être battu?
Qui le croira? Non, nul ne pourra croire
Qu’un Dieu n’eût pas remporté la victoire
Sur un Lorrain raisonneur et têtu.
Et c’est un fait cependant qu’il s’est tu.
Devant Thibaut et son réquisitoire,
Jésus, muet, se cache dans sa gloire.
 
Mais voici bien une autre vision :
Devant Thibaut c’est la Mort qui se montre,
La faux en main, et vient à sa rencontre.
Thibaut se signe à l’apparition,
Et tout tremblant, dès qu’il l’a reconnue,
Pense déjà que son heure est venue.
Morne squelette, en brandissant sa faux,
Elle s’avance et fait craquer ses os.
Thibaut veut fuir, mais le spectre farouche
Est déjà là, qui lui parle et le touche;
Et, devant lui, muet, terrifié,
Notre Lorrain, comme pétrifié,
Entend ces mots d’une odieuse bouche :
« Écoute-moi, Thibaut, et ne crains rien;
Tu vas bien voir que je te veux du bien !
Tu me connais : je suis la souveraine
Dont ici-bas chacun subit la loi.
Je viens ici pour te tirer de peine :