Page:Ronchaud - Le Filleul de la mort, 1880.djvu/57

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Dût-il monter jusqu’à l’épiscopat,
Même être pape, il ne m’importe guère !
C’est un métier de fainéant, commère.
— Bien raisonné, dit la Mort, sur ma foi !
Je n’aime pas non plus la moinerie,
Et son métier n’a rien qui me sourie,
Bien que chez elle on se serve de moi
À tout propos pour inspirer l’effroi,
Et qu’on en fasse au peuple une sentence
Pour l’exhorter à faire pénitence !
Sur ces gens-là je pense comme toi.
Quant aux soldats, leur destin m’intéresse,
Et j’ai pour eux vraiment quelque tendresse,
Car ils me sont soumis aveuglément,
Sachant tuer et mourir vaillamment.
Dans le combat j’inspire leur ivresse ;
Parlons-en donc respectueusement :
Ce sont mes gens et qui font ma récolte.
Mais pour ton fils ce métier te révolte,
Soit ! J’ai pour lui, si c’est ton sentiment,
J’ai mieux encore à mon gré. J’en veux faire
Un médecin ! — Bien trouvé, dit le père.
Tu peux compter sur mon consentement.
Ce métier-là n’est pas pour me déplaire :
On peut tuer son homme proprement,
Et pour la chose on reçoit un salaire !