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DES ODES.

Ny la blanche fleur qui ſe fiſt
Des larmes de la belle Heleine :
Ny celle que Iunon blanchiſt
Du laict de ſa mammelle pleine:
Quand faiſant teter le Dieu Mars
Du bout de ſa fraize eſgoutée,
Le laict qui s'eſcouloit eſpars
Fiſt au ciel la Voye laictée:
Ne me plaiſent tant que la fleur
De la douce Vigne ſacrée,
Qui de ſa nectareuſe odeur
Le nez & le cœur me recrée.
Quand la Mort me voudra tuer
( A tout le moins ſi ie ſuis digne
Que les Dieux me daignent muer )
Ie le veux eſtre en fleur de Vigne:
Et m'esbahis qu'Anacreon,
Qui tant a chery la vendange,
Comme vn Poëte biberon,
D'elle n'a chanté la loüange.

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