Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 1.djvu/102

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XVIII

Une beauté qui dans le cœur domine,
Un or frisé de meint crespe anelet,
Un front de rose, un teinct damoiselet,
Un ris, qui l’ame aux Astres achemine :
Une vertu de telle grâce digne,
Un col de neige, une gorge de lait,
Un cœur ja meur en un sein verdelet,
En dame humaine une beauté divine :
Un œil puissant de faire jours les nuis,
Une main forte à piller les ennuis,
Qui tient ma vie en ses dois enfermée :
Avec un chant offensé lentement,
Or’ d’un souris, or’ d’un gémissement :
De tels sorciers ma raison fut charmée.


MURET Une beauté.) Il raconte les beautez et bonnes grâces de sa dame, et dit que ce sont les sorciers, par lesquels son entendement fut charmé. Un or.) Une chevelure. Un ris qui l’ame.) Les gentils esprits, par la beauté des choses inférieures, sont émeus à contempler et imaginer la beauté des choses célestes et divines. Ainsi dit-il, que le ris de sa dame achemine aux astres l’ame de ceux qui la regardent. Avec un chant offensé.) Entre rompu, syncopé. Il veut dire, que sa dame en chantant, par fois rioit, par fois gemissoit : ce qui ajoustoit encore plus de grâce à son chant. — [Ce Sonnet est tiré de Pétrarque. 170. 1. 1604. — Il est cité en entier iv 1553 à 1 571 .j