Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 1.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ren moy ce corps qui me fait trespasser,
Sinon d’effet, seuffre au moins que par songe
Toute une nuit je le puisse embrasser.


MURET Ange divin.) Il parle encor à ce Songe, et le prie de permettre que sa joye soit un peu de plus longue durée. Il l’appelle Ange, c’est à dire messager divin, parce que les dieux révèlent souvent aux hommes leur volonté par songes. A mesme raison il le nomme héraut et truchement des dieux, v.i yob x’ ôvap ix àtôç éuxi : Homère au premier livre de l’Iliade, [63]. — [Bembo. Sogno, che dolcemente ni’ hai furato. 1004.]


XXXI

Légers Daimons, qui tenez de la terre,
Et du haut ciel justement le milieu :
Postes divins, divins postes de Dieu,
Qui ses segrets nous apportez grand erre.
Dites Courriers (ainsi ne vous enserre
Quelque sorcier dans un cerne de feu)
Razant noz champs, dites, a’ vous point veu
Cette beauté qui tant me fait la guerre ?
Si de fortune elle vous voit ça bas,
Li’ re par l’air vous ne refuirez pas,
Tant doucement sa douce force abuse,
Ou comme moy esclave vous fera,
Ou bien en pierre ell’vous transformera
D’un seul regard, ainsi qu’une Méduse.