Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 1.djvu/213

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MURET

Franc de raison.) Il veut dire que les affections amoureuses qui luy rongent perpétuellement le cœur, le conduisent à la mort. Mais il traite cela par une fort gentille allégorie, comparant son amour à une chasse, et dit, que s’estant osté hors du joug de raison, pour s’assugettir à fureur, il poursuit une Fere sauvage, c’est à dire sa dame : ayant pour limier un violent courage, et les affections en lieu d’autres chiens. Mais que ces chiens voyans que la Fere ne veut aucunement fuir devant eux, ains leur fait teste, si bien qu’ils ne la peuvent accrocher, de despit se ruent contre leur maistre, et le dévorent. C’est une allusion à la fable d’Acteon, qui est recitée au troisiesme des Métamorphoses. Un long trait.) Un trait est la corde, avec laquelle on mené les limiers à la chasse. Mot de vénerie. L’ardeur, le sang et l’âge.) Manière de parler assez usitée de noz Poètes, pour dire la jeune ardeur du sang : c’est la jeunesse.


CXXI

Le Ciel ne veut, Dame, que je jouysse
De ce doux bien que dessert mon devoir :
Aussi ne veux-je, et ne me plaist d’avoir
Sinon du mal en vous faisant service.
Puis qu’il vous plaist que pour vous je languisse,
Je suis heureux, et ne puis recevoir
Plus grand honneur, qu’en vous servant pouvoir
Faire à voz yeux de mon cœur sacrifice.
Donc si ma main, maugré-moy, quelquefois
De l’amour chaste outrepasse les loix,
Dans vostre sein cherchant ce qui m’embraise,