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PIERRE DE RONSARD

Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l’aube de ses pleurs au point du jour l’arrose ;
La grâce dans sa feuille et l’amour se repose,
Embaumant les jardins et les arbres d’odeur ;
Mais battue ou de pluie ou d’excessive ardeur,
Languissante elle meurt, feuille à feuille déclose…

Les questions de technique pure eurent à cette époque créatrice une importance qu’elles n’ont jamais retrouvée au même degré. Lorsque Ronsard posséda la pleine maîtrise du vers alexandrin, avec ses parfaits essais des Amours, il s’empressa de l’employer à d’autres usages. Ce vers semblait alors destiné surtout à des sujets familiers, étant regardé comme le plus voisin de la prose ; le poète voulut en utiliser toutes les ressources. Il est surprenant, à vrai dire, qu’il lui ait préféré, pour le poème épique qu’il préparait et qui allait être la Franciade, l’ancien vers de dix syllabes, le « vers commun » qu’a utilisé l’ancienne épopée française. Un épisode essayé en alexandrins montre qu’il a délibérément rejeté cette forme, à laquelle Charles IX trouva, paraît-il, une majesté insuffisante pour narrer la légende de son aïeul Francus, fils d’Hector. On sait que le choix du monarque n’a pas porté bonheur à un ouvrage d’ailleurs mal conçu, et qui n’a jamais dépassé le quatrième livre, l’auteur s’étant dégoûté de l’achever. Au contraire, les beaux