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PIERRE DE RONSARD

IV


Soucieux de remplir envers la patrie les devoirs que lui imposaient les desseins de sa jeunesse et le programme de la Défense, Ronsard ne se contentait pas de rêver, en combinant l’Odyssée avec l’Enéide, l’épopée qui manquait à la France nouvelle ; il cherchait de quelles autres formes de grande poésie il pourrait la doter encore. Ces préoccupations généreuses donnèrent lieu à deux recueils de prix, les Hymnes et les Poèmes. Les Hymnes surtout sont mémorables dans l’histoire du vers alexandrin, parce que pour la première fois ce vers s’y trouve adapté aux plus hauts sujets, s’y prête à de larges développements de morale et de philosophie, aux allégories longtemps soutenues, aux narrations d’allure épique. L’humaniste a trouvé des modèles antiques, moins dans les hymnes homériques que dans Callimaque et dans Théocrite. Se rappelant comment ces poètes servaient les rois Ptolémées et les « seigneurs » de la cour d’Alexandrie, il s’avise de louer le roi de France, le cardinal de Lorraine et d’autres personnages de son choix, en associant