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PIERRE DE RONSARD

fait par sa louange. Ses prétendues bassesses sont plutôt une preuve de l’orgueil, souvent puéril, qu’il porte dans sa profession.

De plus en plus attiré par ses agréables résidences de Vendômois et de Touraine, Ronsard ne s’engourdit point dans les facilités d’une vie épicurienne, qu’il mène beaucoup plus en ses vers que dans la réalité de ses grands labeurs. Sa noble conscience d’écrivain l’a déjà guidé vers d’autres devoirs. Il s’intéresse au bien public aussi passionnément qu’il a servi jusqu’alors la cause du beau. Il commence par écrire, à l’usage des jeunes rois François II et Charles IX, des discours « pour bien régner » et l’Institution pour l’adolescence du Roi très chrétien, où il traite, avec une honnête liberté et parfois de singulières hardiesses, des obligations réciproques des rois et des sujets. La reine Catherine lui sait gré de concourir ainsi à l’éducation de ses fils trop tôt appelés à la couronne. Mais il est déjà prêt à s’adresser directement à la France malheureuse et à trouver sur sa lyre, pour la plaindre, les accords émouvants qu’elle n’a encore jamais entendus.

Les Discours des misères de ce temps et la Remontrance au peuple de France ouvrent à notre poésie d’autres voies nouvelles, sans que l’auteur, cette fois, se soit proposé d’inventer ni d’étonner. À ces grands ouvrages spontanés, leur intérêt historique n’est pas sans ajouter du prix. Ils