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I. livre des amours

Il cognoistra, que quand Amour se veut emparer de l’esprit d’un homme, la raison est tellement captivée par les affections, qu’elle n’y peut aucunement résister. Nouveau Cygne.) Le Poète suit la commune opinion laquelle est faulse : car les Cygnes ne chantent point en mourant : au contraire ils se plaignent. Voy Pline.


II

Nature ornant Cassandre, qui devoit
De sa douceur forcer les plus rebelles,
Luy fist présent des beautez les plus belles
Que dt’s mille ans en espargne elle avoit.
De tous les biens qu’Amour-oiseau couvoit
Au plus beau Ciel chèrement sous ses ailes,
Il enrichit les grâces immortelles
De l’œil, son Nyc, qui les Dieux esmouvoit.
Du Ciel à peine elle estoit descendue
Quand je la vy, quand mon ame esperdue
Perdit raison, et d’un si poignant trait
Le fier destin la poussa dans mes veines,
Qu’autres plaisirs je ne sens que mes peines,
Ny autre bien qu’adorer son pourtrait.


MURET Nature ornant.) Il feint, pour amplifier la beauté de sa Dame, que Nature espargna par l’espace de mille ans un nombre infiny de singulières beautez, desquelles après tout à un coup elle l’orna. Dit d’avantage, qu’A- mour luy mit dans l’œil, tout ce qu’il avoit de beau : tellement qu’elle estant encores au Ciel, esmouvoit à son amour les Dieux. Nyc.) Demeure, logis. Il persiste eu sa Métaphore, couvoit, oiseau, ailes, nyc. Quand je la vy.) ("est une allusion à la devise du Poëte, prinse de