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I. livre des amours

     Tous les presens de la boete à Pandore,
Les Elemens, les Démons, et les Dieux,
Et tout cela que Nature a de mieux,
Ont embelly le sujet que j’honore.
     Ha, trop heureux, si le cruel destin
N’eust emmuré d’un rempart aimantin
Si chaste cœur dessous si belle face :
     Et si mon cœur de mon sein arraché
Ne m’eust trahy, pour se voir attaché
De clous de feu sur le froid de sa glace.


MURET

Je parangonne.) Mot Italien, desja commun en nostre langue [Godefroy ne signale que deux exemples antérieurs à 1552 : l’un de Maigret, 1542 et l’autre de Marot], qui signifie, j’égale, j’accompare. Il fait comparaison de sa Dame au Soleil, et dit qu’il seroit heureux, ou si sa Dame n’estoit point du tout si chaste, ou si jamais il n’eust esté si espris de l’amour d’elle. Aimantin.) Aussi fort qu’aimant, pierre très-dure.


VI

     Ces liens d’or, ceste bouche vermeille,
Pleine de liz, de roses et d’ceillets,
Et ces couraux doublement vermcillets,
Et ceste jotic à l’Aurore pareille :
     Ces mains, ce col, ce front, et ceste oreille,
Et de ce sein les boutons verdelets,
Et de ces yeux les astres jumelets,
Qui font trembler les âmes de merveille,