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II. LIVRE DES AMOURS

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BELLEAU

Marie, baisez moy.) Ce Sonet est des plus beaux qui se puisse trouver, pour estre tout plein de gentilles repeti tions contraires. Sur la fin il dit, que c’est folie de croire, que jamais Pluton fut amoureux de Proserpine, et qu’Amour n’a puissance sur les morts. Une semblance vaine.) C’est ce qu’Homere appelle s’ . ’ 8ioXov àfiaop<5v.

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Comme d’un ennemy je veux en toute place M’eslongner de voz yeux, qui m’ont le cœur deceu, Petits yeux de Venus, par lesquelz j’ay receu Le coup mortel au sang, qui d’outre en outre passe. Je voy, les regardant, Amour qui me menasse, Aumoins voyant son arc je l’ay bien apperceu : Mais remparer mon cœur contre luy je n’ay sceu, Dont le trait fausserait une forte cuirasse. Or pour ne les voir plus, je veux aller bien loing Vivre de sur le bord d’une mer solitaire : Encore j’ay grand peur de ne perdre le soing, Qui hoste de mon cœur y loge nuict et jour. » On peut outre la mer un long voyage faire, » Mais on ne peut changer ny de cœur, ny d’amour. BELLEAU

Comme d’un ennemy.) Il delibere de s’esloigner des yeux de sa dame, comme de ses cruels ennemis : puis il se reprend, et conclud à l’imitation d’Horace, que pour abandonner un pays, on ne change pourtant d’af-