Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 2.djvu/403

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PIECES NON RECUEILLIES

Les deux sonnets suivants ne se lisent que dans la Conti nuation des Amours de 1555 et de Rouen 1557.

Ils sont supprimés dans l’édition de Paris 1557.
J’aurai tousjours en une hayne extreme
Le soir, la cheze, et le lit odieus,
Où je fu pris, sans y penser, des yeus
Qui pour aimer, me font hayr moi-mesme.
J’aurai tousjours le front pensif et bléme
Quand je voirray ce bocage ennuieus,
Et ce jardin de mon aise envieus,
Où j’avisay cette beauté supréme.
J’aurai tousjours en haine, plus que mort
Le mois de Mai, le lyerre, et le sort
Qu’elle écrivit sus une verte feille :
J’auray tousjours cette lettre en horreur,
Dont pour Adieu, sa main tendre et vermeille
Me feit present pour me l’emprindre au cœur.


Pourtant si ta maistresse est un petit putain,
Tu ne dois pour cela te courrousser contre elle.
Voudrois-tu bien hayr ton ami plus fidelle
Pour estre un peu jureur, ou trop haut à la main ?
Il ne faut prendre ainsi tous pechés à dedain,
Quand la faute en pechant n’est pas continuelle :
Puis il faut endurer d’une maitresse belle
Qui confesse sa faute, et s’en repent soudain.